Il est 16 heures ce vendredi 18 septembre 2020: sous un grand soleil, la 32ième édition du Salon du Livre de Cosne-sur-Loire va ouvrir ses portes.

Sur toute la longueur du grand barnum s’étirent quatre rangées de tables, deux en périphérie, deux autres au centre, ce qui permet de passer devant chaque auteur en un seul grand tour à sens unique évitant ainsi les croisements entre visiteurs. Ajoutons que pour la même raison, l’entrée et la sortie sont bien séparées. Ce bel ordonnancement sera pourtant souvent perturbé tant il est vrai que les Gaulois ne seront jamais aussi disciplinés que des centurions romains.

Mais ces mesures anti-covid ne sont rien à côté du port obligatoire du masque imposé à tous, ce qui va de soi. Sauf que pour la majorité d’entre nous, participer à un salon du livre en ayant la moitié du visage recouvert est une première qui aura sans doute beaucoup altéré le confort et la qualité des rencontres entre auteurs et visiteurs.

Au bout de quelque temps, la tentation est grande de tirer le masque sous le nez pour mieux respirer ; photos et selfies sont l’occasion de le retirer complètement, mais attention, la police est souvent présente pour rappeler les contrevenants à l’ordre ! Et qu’est-ce qu’il fait chaud ! Ici et là, on écarte un peu les bâches de la périphérie du barnum pour faire entrer de l’air dans le sauna, mais à l’extérieur, Éole est au repos et nul souffle ne vient rafraîchir la moiteur du lieu.

De longues heures passées à promener vos yeux sur les collègues d’en face et tenter d’attirer l’attention des visiteurs qui passent en regardant droit devant eux, ou bien en tournant la tête vers le côté gauche de l’allée alors que vous êtes installé du côté droit ; il m’a d’ailleurs semblé que la situation inverse était beaucoup plus rare ! Les gens marchent lentement mais s’arrêtent rarement ; je leur dis bien qu’il y a un feu rouge au droit de ma table et qu’il faut donc marquer un arrêt, mais ça les amuse à peine… Je sais à quel point il leur est compliqué, pour ne pas dire impossible, de diriger leur regard vers chacune des tables, ce qui nécessiterait de choisir en plus si ce regard ira plutôt vers les livres présentés que vers leur auteur, ou bien vers les deux. Le résultat est toujours le même : quatre-vingt-quinze fois sur cent, vos livres et vous-même n’aurez même pas un regard, à moins d’être un auteur connu.

Mais je vous ai déjà entretenus dans mes nombreux comptes rendus de salons et dédicaces de ces difficultés inhérentes à ce mode de promotion : chronophage, coûteux et fatiguant, physiquement comme moralement. Pourtant, il reste les quelques pour cent de visiteurs qui se sont arrêtés, vous ont écouté et ont parfois engagé un dialogue intéressant, certains d’entre eux avouant hélas ! leur résignation devant l’ampleur des problèmes à résoudre dans notre monde; et ce n’est pas la légende du colibri qui suffira à leur redonner l’énergie et la volonté de quand même se battre !

Cela dit, j’ai aussi voulu profiter de cette occasion pour annoncer la prochaine publication de Autour d’un livre en distribuant des flyers montrant la couverture ainsi que la quatrième. Ce n’est déjà pas facile de faire la promotion d’un nouveau livre pour un auteur qui n’a aucun accès aux médias, mais le faire avec les contraintes de cette pandémie, cela paraît mission impossible ! Pourtant, il faudra bien faire quelque chose, quitte à réinventer d’autres méthodes de promotion ou à prendre quelques risques sanitaires.

Cela fait maintenant deux jours que ce salon a fermé ses portes ; tous les participants, ainsi que madame Marguerite MICHEL, Présidente de Trait d’Union 58, qui a eu le courage de maintenir la tenue de ce salon, redoutent certainement d’apprendre d’ici quelques jours que des cas de Covid se sont déclarés parmi nous… On croise les doigts !

Bertrand