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Fléau de la violence et fléau de la balance

Fléau de la violence et fléau de la balance

J’ai abordé à plusieurs reprises la question de la violence dans ce blog, parfois longuement comme très récemment pour discuter des origines de la violence extrême, celle qui tue. Ces chroniques avaient un point de départ dans l’actualité qui ne cesse de nous montrer à quel point diverses formes de violence se développent dans notre société en proie aux ravages des politiques néolibérales menées depuis 40 ans et au développement de l’islamisme radical qui se nourrit des conflits interminables que connaissent le Proche et le Moyen-Orient. 

L’actualité de ces derniers jours évoque de nouveaux développements dans la violence institutionnelle avec des images insoutenables d’exactions de la police contre des citoyens et un projet de loi visant notamment à interdire de filmer les policiers dans l’exercice de leurs fonctions. Ce nouveau projet de loi liberticide a suscité d’autant plus de contestations que parallèlement surgissaient nombres de faits divers qui, s’ils n’avaient été filmés n’auraient pas conduit à des mises en examen de plusieurs policiers auteurs de violences injustifiées. Devant cette situation particulièrement préoccupante pour notre démocratie, les représentants des corps intermédiaires – associations, syndicats – ainsi que des partis politiques attachés aux libertés publiques, ont appelé à manifester en masse le samedi 28 novembre. L’appel a été entendu par des centaines de milliers de citoyens animés du simple désir de montrer pacifiquement leur opposition au projet de loi gouvernemental et appelant à une reprise en main des forces de police pour que cessent les actes de violence gratuite et souvent raciste. 

Las, des « éléments incontrôlés » n’ont pas manqué de provoquer des incidents dans la manifestation parisienne où l’on a pu voir un policier agressé violemment par des manifestants. Il n’en fallait pas plus pour qu’aussitôt les représentants du pouvoir et ses porte-voix médiatiques obligés contre-attaquent en se redonnant le beau rôle à eux-mêmes et à la police. 

Donc, nous revoilà retombés dans un piège infernal où chacun joue à qui sera le plus victime de la violence des autres ! Autrement dit, la violence qui est un fléau absolu, quelle que soit son origine, est pesée de part et d’autre par les parties en présence, chacun voulant montrer que le fléau de la balance penche du côté de l’adversaire. 

Impossible de rester neutre dans ce contexte, car l’engrenage de la violence dans lequel nous sommes n’est pas fortuit. Comme je l’ai rappelé dans une précédente chronique qui est placée en conclusion de mon prochain livre (Autour d’un livre, sortie en librairie le 23 décembre prochain), la mère de toutes les violences est la violence institutionnelle ; et d’ajouter dans une autre chronique plus récente qui ne sera pas dans ce livre, qu’en effet, il est difficile d’imaginer que des crimes de sang comme celui perpétré contre Samuel Paty puissent se produire dans un monde idéal dans lequel nulle forme de ressentiment n’aurait de motifs pour se développer. Je ne saurais pas dire avec certitude quelle est la meilleure stratégie pour réagir face à un pouvoir qui a décidé depuis longtemps d’être sourd aux demandes de millions de manifestants paisibles ; je penche en premier lieu pour une utilisation massive, éclairée et responsable du bulletin de vote. 

Je peux néanmoins comprendre que des citoyens aient depuis longtemps perdu toute confiance dans la démocratie représentative. Parmi eux, les plus nombreux commettent l’erreur de ne plus voter, alors que l’éventail des orientations proposées permettrait de passer à des choix de société radicalement différents. D’autres, ultra minoritaires, choisissent de profiter des manifestations de masse pour s’exprimer de manière différente en s’attaquant notamment aux symboles du pouvoir et des dominants comme les banques et les restaurants de luxe et plus rarement, comme ce fut le cas samedi, aux forces de l’ordre. Mais au fait, de quel ordre puisqu’elles ne sont plus gardiennes de la paix ?

Alors peut-on oser une comparaison entre les formes de violence de ces manifestants et celles de la police, dans leurs moyens comme dans leurs effets respectifs ? Bien sûr, il n’y a aucune chance que la comparaison que je ferai aboutisse aux mêmes conclusions que celle que ferait le ministre de l’intérieur actuel. Peut-être faudrait-il aussi se montrer plus précis, plus rigoureux, être un fin connaisseur des comportements des acteurs qui s’affrontent pour porter un jugement équilibré. Mais au bout du compte, n’est-il pas tout aussi légitime que des citoyens ordinaires comme moi puissent donner leur perception d’un tel problème au travers des divers canaux d’information disponibles ?

Reconnaissons tout d’abord qu’au niveau des moyens, la dissymétrie est totale : d’un côté, des « robocops » qui sont à l’évidence protégés très efficacement contre les agressions qu’ils peuvent subir dans des affrontements de rue et qui disposent d’armements capables d’infliger aux manifestants des dommages corporels d’une extrême gravité – grenades lacrymogènes, grenades de désencerclement, lanceurs de balles de défense – plus des moyens lourds – canons à eau, véhicules blindés ; en face, ce sont des amateurs protégés par leurs seuls vêtements et qui n’ont guère que leurs mains, quelques objets à lancer sur les policiers et parfois, dans le pire des cas, des battes de base-ball et des cocktails molotov.

Au niveau des effets, la dissymétrie est tout aussi grande. D’un côté, quelques blessés légers ; de l’autre, des blessures de guerre : visages tuméfiés, yeux crevés par dizaines, mains arrachées, parfois des morts…

Difficile dans ces conditions de ne pas voir de quel côté penche le fléau de la balance !

Alors le comportement de quelques manifestants est-il susceptible de modifier sensiblement les données du problème général auquel nous sommes confrontés : une spirale de la violence qui nous mène tout droit à un régime plus autoritaire encore et auquel seuls les ennemis de la liberté peuvent aspirer? 

Je termine par cette remarque qui souligne un certain niveau d’inconscience du pouvoir qui n’hésite pas à provoquer la population avec des projets de loi liberticides ou antisociaux et tolère des violences policières impunies, obligeant ainsi des milliers de personnes de tous âges à se rassembler dans des manifestations de rue, et ce, en pleine pandémie et au moment où ce même pouvoir demande à ce que les réunions de familles soient limitées à six personnes et impose toutes sortes de mesures sanitaires, certaines nécessaires et d’autres très discutables. 

Quand remettra-t-on enfin ce monde à l’endroit ?

Bertrand

Comment la perception du passé et du présent contribue au développement de la violence extrême.

Comment la perception du passé et du présent contribue au développement de la violence extrême.

Dans la nature, chaque phénomène est le résultat d’un processus physique, chimique ou biologique. Quand il s’agit des dysfonctionnements du corps humain, la médecine tente d’établir un diagnostic avant de rechercher ou de prescrire un remède. Dit plus simplement, il n’y a pas d’effets sans causes, et la manière la plus efficace de résoudre un problème, c’est d’en neutraliser l’origine. Pour rester dans la métaphore médicale, donner des antalgiques pour atténuer la douleur d’un patient est bien sûr utile et nécessaire, mais éliminer la cause de la douleur est le véritable remède qu’il faut envisager. 

Souvent, bien avant que les premiers symptômes d’une maladie n’apparaissent, des facteurs favorables à son développement ont pu agir pendant de longues années ; ainsi en va-t-il de l’exposition des êtres humains à des composants chimiques présents dans certains environnements et responsables de graves maladies professionnelles, ou autres, car nous savons que tout individu vivant dans l’atmosphère polluée des grandes métropoles peut par exemple être victime de maladies respiratoires ou cardio-vasculaires pouvant entraîner un décès prématuré. Une alimentation déséquilibrée, le manque d’exercice physique et toutes sortes d’addictions sont autant de facteurs délétères pour la santé qui agissent également sur le plus ou moins long terme.

Qu’en est-il alors de notre santé mentale ? Peut-elle être également affectée par des conditionnements psychologiques pernicieux, des expériences douloureuses ou encore des situations dramatiques pouvant inciter à des comportements hors normes, du plus admirable au plus inhumain ? 

L’Histoire, la grande, mais aussi nombre de faits divers, nous montrent qu’en effet, certaines circonstances peuvent transformer un individu quelconque en héros ou au contraire en être abject. 

Il suffit de revenir quelques décennies en arrière sous l’occupation allemande : il s’est trouvé pendant ces cinq années de guerre des citoyens français qui ont eu des réactions radicalement opposées, d’un côté les héros de la Résistance, tandis que d’autres choisissaient la collaboration ignominieuse avec le régime nazi, n’hésitant pas à coopérer avec la Gestapo en dénonçant leurs compatriotes résistants, communistes ou juifs et en torturant à mort leurs compatriotes. Comment des citoyens ordinaires, aussi bien du côté français que du côté allemand, ont-ils pu se rendre complice de crimes aussi abominables ou les commettre à grande échelle au nom d’une idéologie diabolique dont le gourou était un malade mental ? N’est-il pas terrifiant de penser que parmi les gens ordinaires et apparemment inoffensifs que nous croisons ici ou là, au jour le jour, ils soient aussi nombreux, dans certaines circonstances, à pouvoir commettre des actions d’une atrocité insoutenable ?

Il nous faut donc affronter cette dure réalité : dans une population « normale » au sens statistique du terme, nous aurons une distribution quasi inéluctable avec d’un côté une minorité d’individus animés d’empathie, de courage et foncièrement humains, les Gandhi, Jean Moulin, Mère Teresa ou encore Martin Luther King, tandis qu’à l’extrémité opposée se trouveront des êtres monstrueux, les Hitler, Staline, Pinochet ou Pol Pot et tous leurs semblables. Entre les deux, dans l’immense masse des humains ordinaires, qui ne sont a priori ni bons, ni mauvais, certains iront plutôt vers les ennemis du mal et d’autres vers les ennemis du bien. Mais pour que ces mouvements vers l’un ou l’autre côté aient lieu, il faut des conditions exceptionnelles comme l’Histoire en a connu, si nombreuses et si tragiques. Elles créent alors un climat propice aux manipulateurs de tout bord qui font appel au cerveau reptilien et sont capables d’annihiler toute réflexion objective chez les sujets les plus influençables, parmi lesquels se trouveront évidemment de jeunes individus. Cela peut prendre des années, mais peut aussi opérer beaucoup plus rapidement dans des circonstances où l’émotion intense liée à certains évènements fait obstacle à toute réflexion fondée sur le discernement et la rigueur. 

Comme chacun sait, dans le passé comme au présent, les manipulateurs ont souvent utilisé les religions comme instruments pour faire adhérer à leur idéologie les esprits mal instruits et donc vulnérables à ces stratégies de domination des esprits. De la même manière que toute propagande tend à déformer la réalité, que toute publicité tend à embellir outrageusement les vertus supposées de tel ou tel produit, les manipulateurs qui instrumentalisent la religion interpréteront celle-ci à leur guise pour parvenir à leurs fins, suggérant par exemple qu’il est possible, juste, voire indispensable de tuer au nom de Dieu. Et ce mensonge fonctionne depuis plus de mille ans, chrétiens et musulmans ne s’étant jamais privés de s’entretuer au motif de l’infidélité de l’autre. 

Voilà qui nous conduit à remonter très loin en arrière dans le temps, manière de prendre du recul pour tenter de replacer les drames qui se produisent de nos jours dans un contexte historique, démarche excluant bien sûr toute forme d’indulgence à l’égard de la violence, tout particulièrement de la violence meurtrière, mais qui cherche à expliquer par quel long cheminement peut se construire un univers mental morbide dans lequel se laisseront enfermer les personnes mal immunisées contre les intrusions de manipulateurs de tout bord. 

A ce stade de la réflexion, j’aimerais avoir la culture historique nécessaire pour fournir ici les éléments les plus pertinents qui illustrent les conflits millénaires entre le monde de la chrétienté et le monde de l’islam, ou pourrions-nous dire, entre l’Occident et le monde arabe. Étant incapable de le faire, je me contenterai donc de rappeler quelques faits marquants, mais surtout connus de la plupart d’entre nous. 

Ces deux religions monothéistes, plus rapidement encore la musulmane que la chrétienne, associeront pouvoir spirituel et pouvoir temporel. Pour ce qui est des chrétiens, la chanson impertinente de Jean Ferrat, « Le sabre et le goupillon » vient nous le rappeler ; quant à Mahomet, c’est en chef de guerre qu’il investira La Mecque en 630 à la tête d’une armée de 10 000 hommes.   

Très rapidement, les deux religions, présentes sur de vastes territoires, s’affrontent pour en conquérir de nouveaux, l’islam investissant la péninsule ibérique où vivait une population de religion catholique. Ainsi, dès le VIIIème siècle de notre ère, l’expansion musulmane est considérable, ajoutant à la péninsule arabique, une partie de l’Espagne et du Portugal, l’Afrique du nord, le Proche-Orient, l’Iran, l’Irak et l’Afghanistan. Le monde chrétien va bien sûr réagir, Charles Martel mettant un coup d’arrêt définitif à l’avancée musulmane en 732 à Poitiers.

Plus tard, et pendant deux siècles, de 1096 à 1291, les croisades menées par les chrétiens d’occident vont être le théâtre d’affrontements sanglants entre les pèlerins en armes et leurs adversaires musulmans, les uns et les autres se livrant à des tueries qu’aucune religion qui se respecte ne saurait tolérer. Cette barbarie avait pourtant un motif religieux, puisqu’il s’agissait ni plus ni moins pour les chrétiens de leur redonner le libre accès à Jérusalem et au Saint Sépulcre ! Les papes d’alors, fauteurs de guerres, étaient aux antipodes du discours pacifiste et œcuménique du pape François. 

Et cette barbarie se manifestera au sein même du monde chrétien dans une croisade dirigée contre les cathares à la demande du pape Innocent III entre 1209 et 1255. Les habitants de Béziers, au nombre de 15 à 20 000 furent tous massacrés par des croisés qui avaient été persuadés de l’absolution de tous leurs péchés s’ils combattaient les hérétiques pendant 40 jours ; avant de massacrer ils n’avaient d’ailleurs pas trop à se préoccuper de savoir qui était hérétique et qui était « bon catholique », puisque selon Simon de Montfort qui les commandait, ils pouvaient les tuer tous car Dieu saurait reconnaître les siens. Il se trouva naturellement que la croisade initiée par ce pape offrit l’occasion à quelques hauts dignitaires du système féodal des pays d’oil de faire main basse sur les territoires des pays d’oc…

Cependant, le relatif équilibre des forces va peu à peu se transformer en domination des pays chrétiens sur les pays d’obédience musulmane, les historiens considérant que le tournant sera vraiment pris au cours de la bataille navale de Lépante qui a vu s’affronter le 7 octobre 1571 la flotte de la Sainte-Ligue, large coalition chrétienne réunie à l’initiative du pape Pie V, à la flotte de l’Empire ottoman qui perdit la plus grande partie de ses quelques 200 navires et plus de 20 000 hommes. Mais il faut comparer ce chiffre au massacre des 20 000 habitants de Nicosie par les Ottomans lorsque ceux-ci s’emparèrent de Chypre en 1570, une île qui était alors une possession de la république de Venise, agression qui aura été à l’origine de la coalition chrétienne ayant conduit à la bataille de Lépante. 

La liste des horreurs commises tout au long de l’histoire sous des prétextes religieux est interminable, que ce soit autour de la Méditerranée où dans les colonies lointaines établies de force par les Européens. Ces derniers vont jouer un rôle décisif au cours du XIXème siècle dans la prise de possession de territoires au sud et à l’est de la Méditerranée. Au tournant des XVIIIème et XIXème siècles, les Français vont ainsi porter la guerre en Égypte et en Palestine, et ce ne sont pas ses déclarations d’amitié pour les musulmans et de respect pour leur religion qui suffiront à instaurer la confiance des populations arabes en leur auteur, un certain Bonaparte. Au bilan de la campagne d’Égypte, il faut inscrire les milliers d’exécutions de prisonniers faits par son armée à l’issue des différentes victoires que le futur Empereur a remportées contre les mameluks et les bédouins. 

Suivront les conquêtes coloniales en Afrique du nord et au Proche- et Moyen-Orient : à partir de 1830, la France se lance à la conquête de l’Algérie ; plus de 130 années de guerre et d’exactions les plus féroces dans lesquelles les troupes françaises se tailleront la part du lion. 

Un siècle plus tard, la France exerce sa domination sur les pays du Maghreb, la Syrie et le Liban, l’Italie sur la Lybie, et le Royaume-Uni sur l’Égypte, le Soudan, Aden, Oman, la Cisjordanie et l’Irak. Seuls la Turquie, l’Arménie ainsi que les territoires actuels de l’Arabie Saoudite, du Yémen et de l’Iran sont indépendants.

Mais l’accès à l’indépendance des pays colonisés ne va pas pour autant les débarrasser de l’influence souvent funeste des pays occidentaux auxquels vont se joindre les États-Unis à partir de 1945, notamment au Moyen-Orient, cette région ayant « bénéficié du malheur » de posséder dans son sous-sol les plus grandes réserves mondiales de pétrole. L’implication des États-Unis dans les affaires du Moyen-Orient se concrétise avec la signature le 14 février 1945 d’un accord pour 60 ans entre le président Franklin Delano Roosevelt et le roi d’Arabie Saoudite Abd Al Aziz, accord qui prévoit un accès tout à fait privilégié des États-Unis au pétrole saoudien en échange de la protection militaire du royaume. Cet accord sera prolongé à nouveau pour 60 ans en 2005 sous la présidence de Georges W. Bush. 

Entre 1947 et 1949, se dérouleront la guerre civile en Palestine entre juifs et arabes, puis la première guerre israélo-arabe à la fin du mandat britannique suite à la création d’un État juif sur le territoire de la Palestine, État aussitôt reconnu par les États-Unis, ce qui était contraire à la résolution 181 des Nations-Unies prévoyant la partition de la Palestine en deux États, l’un arabe, l’autre juif. Cette colonisation sera d’une extrême brutalité pour le peuple palestinien. Inutile de rappeler ici toutes les entorses au droit international commises par Israël depuis 70 ans avec le soutien sans cesse affirmé des États-Unis et la neutralité plutôt bienveillante des Européens. 

Avec le conflit meurtrier entre l’Iran et l’Irak, deux pays qui, de 1980 à 1988, recevront à satiété des armements aussi bien des États-Unis que de la France et du Royaume-Uni, l’intervention étatsunienne contre l’Irak sous la présidence de Georges Bush père en 1990-91 suite à l’invasion du Koweit par Saddam Hussein, puis une nouvelle intervention des États-Unis avec leurs alliés, dont la France, en Afghanistan en 2001 pour faire la chasse aux Talibans et tenter de capturer Ben Laden suite à l’attaque des tours jumelles, puis l’invasion de l’Irak en 2003 sous la présidence de Georges W. Bush pour chasser Saddam Hussein accusé de développer et détenir des armes de destruction massive, l’intervention de 2011 en Lybie sous l’égide de l’ONU mais poussée par la France, ou encore le désastre de la guerre civile en Syrie, tous les malheurs qu’endurent les peuples de cette vaste région paraissent sans fin avec un bilan de victimes qui se chiffre en millions, dont un grand nombre de civils. 

Il faut néanmoins souligner les efforts méritoires des États-Unis en Somalie, pays à majorité musulmane, au début des années 1990 afin d’aider sa population à surmonter la famine provoquée par une sécheresse prolongée ; l’opération Restore Hope destinée à sécuriser l’aide alimentaire détournée par des « seigneurs de guerre » a pris fin en octobre 1993 à la suite de la courte bataille de Mogadiscio au cours de laquelle la tentative de capture d’un chef de guerre a mal tourné pour les militaires étatsuniens, ce qui conduira Bill Clinton à interrompre l’intervention des États-Unis en Somalie. 

Et que fait l’Europe de son côté pour prévenir les naufrages par milliers de malheureux qui, sur des embarcations de fortune, fuient la guerre, les mauvais traitements et la misère ? Et que fait l’Europe pour accueillir dignement celles et ceux qui ont échappé à la noyade ? Au mieux, elle les entasse dans des camps quand elle n’use pas de procédés dilatoires pour retarder l’accès à nos ports des navires d’organisations humanitaires qui ont recueillis les « boat people ». C’est vrai que l’Europe ne peut pas soulager toute la misère du monde, mais aucune morale, laïque ou religieuse, ne saurait accepter que des êtres humains soient traités de la sorte. Et réciproquement, aucune cause, aussi juste soit-elle, ou a fortiori aucune caricature visant une religion, ne saurait justifier de donner la mort à des innocents. 

En dehors d’une situation de légitime défense avérée, aucun gouvernement, ni personne ne peut porter atteinte à l’intégrité physique d’un être humain ou s’abstenir de lui porter secours et assistance s’il est possible de le faire. Dans les États de droit, les criminels, y compris les criminels de guerre, sont jugés devant des tribunaux qui, en toute indépendance, recherchent les preuves de la culpabilité, analysent le déroulement des faits, délibèrent et prononcent des peines proportionnées aux fautes commises, ces peines ne pouvant aller jusqu’à la condamnation à mort dans les nations les plus civilisées. Par simple humanité, mais aussi par respect de cette « règle d’or » des religions monothéistes – ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse – personne ne peut s’arroger le droit de tuer à moins que ce ne soit pour échapper soi-même à la mort.

A ce stade, il faut revenir un instant au début de cet article pour nous rappeler que son objet est d’essayer d’appréhender ce qui nourrit la violence, notamment celle extrême qui conduit à tuer. Traiter de la violence des nations à l’égard d’autres nations ou à l’égard de leurs propres ressortissants serait une entreprise de longue haleine ; dans les brefs rappels historiques qui ont été faits nous avons eu un petit aperçu de la grande diversité de ses manifestations. Dans le contexte particulier des attentats sanglants que connaît la France en cet automne 2020, c’est d’abord la violence extrême de certains individus qu’il nous faut essayer de comprendre ; encore une fois, comprendre ne signifie en aucun cas excuser, même si le pardon peut aussi faire partie de principes enseignés par les religions. 

Ajoutons ce point essentiel : le message que cherche à transmettre ce texte s’adresse d’abord à toutes celles et tous ceux qui se retrouvent prisonniers de représentations mentales du monde totalement irrationnelles pouvant les conduire à des actes de barbarie après qu’ils aient été placés sous l’influence de manipulateurs qui auront su exploiter leurs connaissances lacunaires et divers motifs de ressentiment. 

Rappelons une évidence : il nous faut distinguer ici ce qui relève de la sphère individuelle de ce qui relève de la sphère publique, et d’entrée de jeu affirmer que la première ne saurait avoir la primauté sur la deuxième. 

Ce que j’appelle la sphère individuelle est alimenté par tout ce que chaque individu peut percevoir et expérimenter au jour le jour ; si nous sommes tous différents biologiquement, nous le sommes surtout au travers de notre vécu qui va constamment agir sur nos représentations du monde et inspirer nos comportements. C’est donc une alchimie complexe qui va structurer ou au contraire déstructurer notre mental. 

Prenons deux exemples aux antipodes l’un de l’autre qui vont conduire à des résultats tout aussi opposés.

Le premier exemple est celui d’un homme qui a grandi dans le bien-être le plus enviable. Même s’il remonte à plus de 2500 ans et que les faits qu’il est censé décrire font sans doute une part importante à l’imaginaire, l’exemplarité de ce récit n’en reste pas moins à méditer… Puisque nous avons beaucoup parlé jusqu’ici des religions abrahamiques, projetons-nous quelques instants dans l’Orient pour nous intéresser à ce personnage divinisé qu’est Bouddha. La vie de Siddharta a en effet commencé dans le confort douillet du palais de son père, souverain d’un petit royaume du Népal. Parfaitement éduqué, entouré de l’affection de ses proches, puis marié à la fille d’un seigneur, le futur Bouddha s’ennuie et s’aventure un jour hors de son palais. Il découvre alors un tout autre monde que le sien : celui de la misère, de la maladie, de la vieillesse et de la mort. Ce choc va changer radicalement le cours de sa vie : abandonnant la vie confortable qui était la sienne, il se dépouille de toutes ses richesses et décide de se consacrer à la méditation afin de chercher à comprendre la nature et les causes de la souffrance humaine. 

Quelle première leçon pouvons-nous tirer de cet exemple ? Que le haut niveau d’éducation reçu par le jeune prince et l’environnement paisible et affectueux dans lequel il a grandi ont sans aucun doute développé chez lui des qualités intellectuelles indéniables et l’ont tenu à l’écart de toute forme de frustration, de ressentiment ou d’agressivité. 

A notre époque, nous pourrions a contrario trouver mille exemples d’enfants ayant grandi dans un milieu hostile, violent et pour tout dire inhumain et qui, devenus adultes, ne verront aucun espoir que leur misérable condition puisse un jour faire place à une vie paisible et enfin heureuse. Les enfants de Gaza font partie de ces infortunés, leurs aînés n’ayant eux-mêmes connu que l’humiliation, les bombes et la privation de tout. Mais ils sont légions à connaître les mêmes malheurs interminables dans cette région du monde. Dès lors, dans quel univers mental ces désespérés peuvent-ils être ? N’ayant guère que leurs mains et quelques cailloux à jeter contre leurs tourmenteurs qui possèdent les armements les plus sophistiqués et les plus meurtriers, faut-il s’étonner que certains réagissent avec l’énergie du désespoir en perpétrant des attentats, cette forme de résistance tout aussi aveugle que le sont les bombes larguées par des avions, ce qui illustre la disproportion des forces en présence ?

Dans cette recherche des explications de la violence extrême, nous ne découvrons rien ; nous ne faisons que reprendre un argument mille fois vérifié, à savoir que le vécu propre à chaque individu est déterminant dans la formation de sa personnalité et la nature de ses comportements. En conséquence de quoi, il est légitime de s’interroger sur l’influence que la sphère publique peut avoir sur notre vision du monde et notre manière d’être, c’est-à-dire sur ce que j’ai appelé la sphère individuelle.

La sphère publique organise et régule, tout en fournissant diverses prestations pour que chaque individu puisse vivre autant que possible en harmonie avec tous les autres. Elle englobe donc toutes les sphères individuelles en vue de les protéger, mais ne cherche pas à s’introduire dans leur intimité, et notamment dans tout ce qui relève de la transcendance. En revanche, elle demande à chacun de consentir à des règles de vie qui ont été établies démocratiquement, car sur ses limites extérieures où se manifeste le comportement des individus, la sphère individuelle va constamment interférer avec la sphère publique.

Ce contrat de confiance et de raison entre deux milieux, celui de l’individu et celui, très vaste, de la société dans laquelle il vit, n’est envisageable que si la sphère publique s’oblige, non seulement à œuvrer au bien-être de ses membres, mais à respecter et faire respecter quelques principes fondamentaux tels que la liberté d’expression, d’aller et venir, de pratiquer une religion ou encore la possibilité de faire valoir ses droits. Dans une situation idéale, chacun trouvant sa place dans la société, pouvant s’y épanouir et envisager une amélioration continue de son cadre de vie et de son bien-être, bref, dans le meilleur des mondes, trouverait-on un seul individu qui envisagerait de rompre cette harmonie en commettant des crimes aussi abominables que ceux perpétrés contre Samuel Paty ou les fidèles de la basilique Notre-Dame de Nice, hormis des cas plutôt rares de malades mentaux profonds ?    

Mais dès lors que ce contrat est rompu ou n’a jamais pu être établi, que la violence s’est installée durablement, que les libertés élémentaires sont bafouées, les droits humains non respectés et que les conditions de vie sont précaires, voire misérables, n’a-t-on pas créé les conditions propices au développement de réactions violentes contre un pouvoir lui-même violent ? Ce qui tient lieu de sphère publique va alors créer chez les victimes de cette violence institutionnelle un univers de ressentiment, de colère, voire de haine des oppresseurs et de tous ceux qui les soutiennent ou sont supposés le faire, et même de ceux qui restent indifférents au sort des opprimés. Alors, il se trouvera tant chez les oppresseurs que chez les opprimés ces gens ordinaires dont nous parlions quelques pages plus haut et qui se sentiront légitimes à commettre des actes barbares ; la société sera en proie à la guerre civile, ce qui est sans aucun doute la forme la plus atroce de conflit puisqu’elle met face à face des citoyens d’un même pays, d’un même village et parfois d’une même famille. Dès lors, la hiérarchie entre sphère privée et sphère publique est abolie : chacune se sent avoir plus de légitimité que l’autre, la sphère publique parce qu’elle représente l’autorité, et chaque sphère privée parce qu’elle se bat soit au nom des droits humains et de valeurs universelles ou au contraire, au nom de certitudes construites sur des discours incitant à la haine, auquel cas une tyrannie pourra succéder à une autre comme ce fut le cas en Iran lorsque la dictature du Shah fut remplacée par le régime des ayatollahs.   

Cependant, la rivalité millénaire entre les peuples chrétiens et musulmans prend des formes beaucoup plus complexes qu’une classique révolte contre une dictature. Cette complexité que nous avons effleurée au début de cet article en remontant le cours de l’Histoire est d’ailleurs une aubaine pour les manipulateurs qui pourront puiser dans un nombre presqu’infini d’exemples où le monde arabe aurait été humilié par l’Occident.

Dans ces conditions, comment doit se comporter la sphère individuelle par rapport aux dérèglements de la sphère publique ? Dit autrement, quels sont les moyens dont dispose la première pour combattre la seconde sans tomber elle-même dans la violence aveugle qui est la forme d’injustice la plus insupportable ? Le combat contre l’oppresseur ou ses complices ne doit pas conduire à sacrifier des innocents. Ce qui est la marque des conflits modernes, c’est précisément le parti pris atroce des belligérants de faire aussi peu de cas des « victimes collatérales » parmi les civils, beaucoup plus nombreuses que les victimes parmi les combattants eux-mêmes. Les bombardements délibérés de zones densément peuplées font des centaines de victimes aussi bien parmi les enfants que parmi les adultes ; une bombe placée dans un avion de ligne ou un grand magasin fera de même de nombreuses victimes parfaitement innocentes. 

Ces deux formes de barbarie sont à combattre avec la même détermination et la même rigueur. 

Dès lors, quelles sont les formes de combat contre l’injustice et l’oppression qui peuvent être mises en action sans qu’elles génèrent elles-mêmes l’injustice suprême de provoquer la mort ou des blessures graves chez d’innombrables innocents ? 

La solution se trouve dans une interactivité non violente entre les deux sphères, un mélange de persuasion et de diplomatie. 

Les opprimés doivent d’abord chercher tous les canaux de communication accessibles pour alerter les opinions, expliquer leur situation et demander de l’aide. S’ils ont réussi à fuir le pays de l’oppresseur et se sont réfugiés dans un pays où l’on vit en paix et où les libertés fondamentales restent assurées, à commencer par la liberté d’expression, alors ils doivent absolument s’abstenir de toute action violente afin de gagner la sympathie et le soutien de la population qui les accueille. Et leur message doit être absolument débarrassé de toute considération religieuse, sauf si, comme c’est le cas des Ouïghours en Chine, l’oppression qu’ils subissent est liée à leur religion et à leur culture. En France et en Europe, chrétiens, juifs ou musulmans qui y vivent ou qui y ont trouvé refuge doivent être instruits de leur histoire et de la grande Histoire en général ; mais ils doivent aussi reconnaître qu’un ressentiment éternel est invivable et contribue à alimenter le désespoir. Imagine-t-on aujourd’hui que Français et Allemands continuent à se haïr du fait d’un passé qui les a vus s’affronter dans les conflits les plus meurtriers de toute l’histoire de l’humanité et qui ont fait des dizaines de millions de morts, les Nazis ayant commis les crimes les plus abominables au cours de la Seconde Guerre mondiale ? Bien sûr que non, ces deux peuples et leurs dirigeants ont eu au contraire la sagesse de sceller une réconciliation durable et de regarder devant eux, sans toutefois ignorer leur passé tragique, car en effet, celui-ci a enfin permis de tirer une leçon qu’il ne faudra jamais oublier : la guerre avec toute la violence qu’elle porte est une infamie pour l’humanité et, pour les croyants, une insulte à leur Dieu dont on ne peut imaginer qu’il ait d’autre dessein pour les humains que celui de les voir grandir en des êtres pensants pénétrés de la plus grande sagesse.

Mais il faut en retour que les gouvernements en place dans les pays d’accueil soient sensibles au sort de ces réfugiés et de leurs concitoyens restés dans leur pays d’origine. Cela veut dire notamment que la plus grande humanité doit être manifestée à l’égard des réfugiés fuyant la guerre, la dictature, la misère et la faim. Cela veut dire également que doit cesser cette indulgence à l’égard des États voyous qui bafouent les droits humains ou ignorent les résolutions des Nations-Unies, qu’il faut arrêter de vendre de l’armement dans toute la région du Proche- et Moyen-Orient, que la démocratie ne saurait passer au second plan derrière les intérêts commerciaux et l’accès au pétrole, que l’Europe doit utiliser sa puissance économique pour exercer une influence diplomatique destinée à combattre les régimes autoritaires et à soutenir le développement ou la reconstruction des pays les plus démunis dans une sorte de vaste Plan Marshall au bénéfice de certains États du monde arabe.

Ainsi pourrons-nous envisager d’apporter une solution durable au problème du terrorisme, chez nous et dans les pays où le pouvoir gouverne lui-même par la terreur. Dé radicaliser les esprits de certains et prévenir de nouvelles radicalisations ne peut se faire sans l’ouverture d’un dialogue où chacun faisant amende honorable, décidera de tourner les pages sombres de l’Histoire pour que triomphent dans le présent et le futur les valeurs qui font la grandeur de l’humanité : le respect des droits humains, la liberté et l’empathie qui guide la recherche obstinée du bien-être de tous sans distinction de race, de nationalité, de croyance ou d’appartenance sociale.  

Fidèle à mon habitude de proposer un extrait de NÉMÉSIS dans mes chroniques, je vous livre celui-ci tiré du chapitre I « Un conte cosmique ». C’est l’Architecte de tous les mondes qui s’exprime :   

J’étais arrivé à la triste conclusion que le bien et le mal étaient inscrits dans la nature profonde des hommes. Aucun dieu, quelle que soit sa représentation, aucune religion quels qu’en soient ses principes, ne pouvaient empêcher la confrontation entre les forces du mal et les forces du bien. Mais je n’aurais pas osé imaginer que des religions puissent servir d’instruments pour que certains humains exercent un pouvoir absolu sur d’autres humains.

Je vis donc qu’à cette fin, une utilisation diabolique des religions monothéistes se mettait en place. Puisque chacun était persuadé qu’il n’y avait qu’une manière d’être fidèle au dieu unique, certains cherchèrent à susciter l’intolérance, puis la haine, en proclamant qu’il n’était pas acceptable que des rites différents des leurs soient pratiqués ; c’est pourquoi il convenait de combattre sans merci les infidèles. Des individus avides de pouvoir trouvèrent ainsi un moyen d’entraîner derrière eux des foules pour servir leurs desseins. 

 Bertrand     

Annonce sortie “Autour d’un livre”

Annonce sortie “Autour d’un livre”

Bonjour à toutes et à tous!

Depuis quelques décennies déjà, nous étions entrés dans un monde de grandes incertitudes. Cette remarque est un lieu commun ; pourtant, celles et ceux qui font l’effort de s’informer sur les conséquences que l’évolution du climat risque de provoquer sur les conditions de vie dans certaines régions de la planète devraient avoir des raisons de s’inquiéter pour le devenir de la jeune génération actuelle et, a fortiori, pour ses descendants. Quand je vois mes petites filles de six et dix ans, je m’interroge avec anxiété sur ce que sera leur vie dans 30 ou 40 ans.

Mais les derniers mois ont vu apparaître de nouveaux signes d’inquiétude pour nos vies et pour le fonctionnement même de nos sociétés avec cette pandémie qui s’est répandue comme une traînée de poudre sur toute la planète grâce ou à cause de la terrible efficacité du transport aérien comme vecteur du coronavirus.

L’irruption de cette catastrophe aux conséquences sanitaires, sociales et économiques a bouleversé la vie de plusieurs milliards d’humains à des degrés divers, la plus grave de ces conséquences étant bien sûr la perte à ce jour d’un million trois cent mille vies dans le monde. 

A mon modeste niveau, rien de grave à signaler pour l’instant ! En revanche, le Covid 19 a interrompu pour quelques mois l’écriture d’un livre que j’avais commencée depuis deux ans. Du jour au lendemain, il est en effet apparu que nombre de sujets que j’avais abordés dans mon précédent essai, NÉMÉSIS Remettons le monde à l’endroit, apparaissaient soudain sur le devant de l’actualité, mettant par exemple en évidence les effets délétères des délocalisations de pans entiers de notre industrie au nom de la sacro-sainte idéologie néolibérale, notre système de santé manquant cruellement des quantités suffisantes d’équipements et de médicaments pour affronter la pandémie dans de bonnes conditions, sans parler bien sûr du manque de lits et de personnels soignants, ce qui n’était pas nouveau. Ainsi, chaque jour qui passait apportait des informations qui faisaient écho à de nombreux passages de NÉMÉSIS.

Tout au long de la période du premier confinement, je décidai donc de publier plus souvent qu’à l’accoutumée des billets sous forme de chroniques sur le blog qui avait été mis en ligne par Amalthée lors de la sortie de NÉMÉSIS en octobre 2017. À la mi-mai, je réalisai au cours d’une nuit pendant laquelle le sommeil se faisait attendre que ce blog devait maintenant avoir un contenu substantiel pouvant donner matière à publication. Dès le lendemain, je commençai donc à rassembler et organiser tous les éléments du blog avec le projet de soumettre un nouveau manuscrit à mon éditrice, conscient tout à la fois de la singularité et de la fatuité de cette idée visant à écrire un livre qui ferait le lien entre l’actualité et le contenu d’un autre livre que j’avais moi-même écrit ! Pourtant, je n’eus guère à attendre pour obtenir un avis favorable à ce projet, l’éditrice considérant qu’au travers de ce dialogue à deux voix, les deux ouvrages se répondent, se complètent et s’enrichissent mutuellement, tout en s’inscrivant très clairement dans des questions de fond politiques, sociétales et sociales plus que jamais d’actualité. 

Tout en regrettant les longs mois qu’il aura fallu pour que sorte enfin ce nouveau livre, je vous annonce qu’il sera en vente au prix de 10€ à compter du 23 décembre prochain sous le titre de 

  AUTOUR D’UN LIVRE

   et le sous-titre de 

Bienvenue chez NÉMÉSIS.

Celles et ceux qui n’ont pas encore lu NÉMÉSIS pourront en faire le tour en lisant cette compilation de 190 pages et auront, je l’espère, très envie de s’attaquer au plat de résistance de l’essai publié en 2017. Quant aux lecteurs qui auront déjà lu l’essai, ils pourront découvrir de nouvelles réflexions, parfois poétiques, qui enrichissent et actualisent celles qu’ils avaient découvertes dans NÉMÉSIS.

Le livre est distribué par Hachette-Livre et pourra être commandé chez tous les libraires, petits ou grands, avant Noël.

Bonnes lectures et restez vigilants tant que rôde l’affreux virus,

Bertrand