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Salons et dédicaces (suite 2024 N°3)

Salons et dédicaces (suite 2024 N°3)

Bonjour à toutes et à tous,

Cette nouvelle mise à jour de mon programme de dédicaces sera à compléter dans les prochaines semaines, des négociations se poursuivant avec des librairies et des organisateurs de salons.

– mars 2024 : 

Dédicace le samedi 30 de 10H00 à 18H00, magasin Cultura, rue Bronislaw Geremek, 89000 AUXERRE ;

– avril 2024 :

Vendredi 5 de 10H30 à 18H30, Espace culturel Leclerc Pôle Sud Nantes, ZA Pôle Sud, route Clisson, 44115 BASSE GOULAINE,

Samedi 6 de 10H00 à 12H00, puis 14H00 à 18H00 Espace culturel Leclerc, 1 rue Ordronneau, 44400 REZE ;

Samedi 20 à partir de 15H00, conférence sur le thème Mondialisation et environnement à la bibliothèque Jacqueline de Romilly, 6 rue Schotten 91560 CROSNE ;

Samedi 27 de 10H00 à 19H00, magasin Cultura, 22 avenue de la Croix Blanche, 91700 SAINTE-GENEVIEVE-DES-BOIS.

– mai 2024 

Dédicace le samedi 4 de 10H00 à 17H00, magasin Cultura, ZAC du Carré & Allée Trait Union, 77127 LIEUSAINT ;

Dimanche 5, salon l’Envolée des livres, 2 rue Alain Fournier et église Saint-Martial, 36000 CHÄTEAUROUX ;

Dédicace le samedi 25 de 10H00 à 18H00, Espace culturel Leclerc Montargis, 1094 avenue d’Antibes 45200 AMILLY.

  • juin 2024 :

Samedi 1er et dimanche 2 toute la journée, 36ème Salon du Livre de Cosne-sur-Loire ;

  • septembre 2024 :

Dédicace Espace culturel Leclerc, allée Émile Zola, ZAC du Grand Noble 31715 BLAGNAC.

Rien ne les arrête

Rien ne les arrête

Pour une large part, la survie du capitalisme se nourrit des ressources infinies de la technologie. Non pas de la science qui nécessite des investissements à moyen et long termes et coûte sans ne rien rapporter à court terme, mais de la technologie ! Celle-ci s’appuie évidemment sur des avancées de la science, parfois assez récentes, mais qui peuvent aussi remonter à plusieurs siècles. Des recherches fondamentales sur la thermodynamique, l’électricité, les ondes électromagnétiques, l’atome, les physiques relativistes et quantiques, les propriétés chimiques de la matière ou encore les semi-conducteurs ont permis de développer des machines à vapeur, des génératrices électriques, des communications par ondes hertziennes, des centrales nucléaires et leurs sinistres avatars que sont les armes atomiques, des horloges tout aussi atomiques, mais moins dangereuses, et dont la précision a permis de développer des systèmes de navigation ultra performants, des rayons lasers, toutes sortes de matériaux, ou encore les transistors et autres diodes sans lesquelles nous n’aurions pas de téléphones portables et les milliers de gadgets électroniques à l’utilité parfois contestable.

Dès lors, les marchands et les financiers ayant une imagination qui ne connaît pas de limites, placés devant des étagères qui se remplissent constamment de nouvelles technologies, vont les utiliser pour offrir une multitude de nouveaux produits dont la vente continuera à alimenter la machine à cash, ou pour jouer au Monopoly à la vitesse de la lumière avec le « trading haute fréquence » …

L’ennui est que toute cette activité de production épuise les ressources de la planète, la pollue durablement et provoque, ou à tout le moins, accélère le réchauffement climatique, sans parler des encombrements générés par la civilisation de l’automobile et du transport routier qui font perdre chaque jour des millions d’heures aux humains dans des transhumances entre domiciles et lieux de travail.

Mais qu’à cela ne tienne, les capitalistes ont réponse à tout : les problèmes liés à l’usage immodéré de la technologie vont être résolus par un usage « intelligent » de… la technologie. Les pyromanes se présentent alors avec une tenue et des accessoires de soldats du feu. Proposer des solutions technologiques pour affronter les problèmes qu’ils ont créés de toutes pièces est donc particulièrement malin puisque cette stratégie va leur permettre de s’installer sur de nouveaux et prometteurs marchés.

Voilà qui m’amène – enfin – aux JO 2024 de Paris. En novembre dernier, j’ai retrouvé au cours d’un salon du livre Jean-Pierre Rey qui présentait son catastrophiste Ouragan sur les Jeux, qu’il appelle lui-même OLNI, Objet Littéraire Non Identifié. Mais dans son ouvrage tout autant impertinent que burlesque, l’auteur n’avait pas encore imaginé cet improbable fruit de l’imagination des maîtres de cérémonie de ces Jeux XXL que je vais vous présenter !   

Et en effet, comme on pourra le constater ci-après, les problèmes de circulation dans et autour de la capitale qu’anticipent les brillants organisateurs de cette méga manifestation sportive, représentent un tel défi à relever, qu’ils ont trouvé un moyen que le monde entier va nous envier, même les Étatsuniens, pour éviter la congestion, la thrombose et l’asphyxie, que dis-je, l’effondrement !

Après les 100% d’augmentation des tickets de métro, les restrictions de circulation automobile pour les uns, piétonnière pour les autres, voilà que seront proposés les taxis aériens, ce qui démontre une audace hors du commun.

Cette nouvelle mobilité en est à ses balbutiements, mais qu’importe, la DGAC (Direction générale de l’Aviation civile), Aéroports de Paris, la Région Ile-de-France, la RATP, l’AESA (Agence européenne de la Sécurité aérienne) et le constructeur allemand VOLOCOPTER se sont engagés à mettre en service des taxis aériens pour les JO 2024 et espèrent être alors les premiers à avoir effectué la mise en service commerciale de ces engins volants.

On les nomme eVTOL, pour electric Vertical Take-Off and Landing , c’est-à-dire des appareils à décollage et atterrissage vertical électriques (ADAV), plus communément connus sous le nom de drones lorsqu’ils ne transportent pas de passagers. Ils utilisent des moteurs électriques disposant d’une forte puissance massique, donc légers et puissants à la fois, certains modèles pouvant soulever des masses supérieures à une tonne. Évidemment présentés comme écologiques car n’émettant pas de CO2, ils n’en consomment pas moins pour leur fabrication tout un éventail de matières premières et bien sûr de l’énergie, fossile ou non. Quant à l’électricité nécessaire à la recharge des batteries, elle n’a pas toujours été produite sans émettre de CO2, surtout quand elle provient de centrales au charbon. De plus, nous verrons que la quantité d’énergie que consomment ces engins est en fait une aberration dans le contexte actuel. Bien qu’il s’agisse de nouveaux gadgets destinés à transporter une infime minorité de privilégiés argentés, de plus en plus d’entreprises dans le monde, allant des grands constructeurs aéronautiques comme Airbus et Boeing aux jeunes pousses, se sont lancées dans la conception et la certification des eVTOL supposés offrir une alternative aux taxis terrestres et aux transports en commun, rien de moins ! Ainsi, l’entreprise étatsunienne Archer envisage-t-elle d’établir un véritable pont aérien avec son eVTOL Midnight entre aéroports et centres-villes, annonçant le projet, mené conjointement avec la compagnie aérienne United, d’une telle liaison entre l’aéroport de Newark et le centre-ville de New-York.

C’est à peu près ce qui est visé pour nos JO, à savoir relier les aéroports du Bourget et de Paris-CDG, l’aérodrome de Saint-Cyr-l’École (près de Versailles) et l’héliport d’Issy-les-Moulineaux avec le centre de Paris au moyen du VoloCity de VOLOCOPTER, un eVTOL de fabrication allemande munis de 18 moteurs électriques. D’une masse maximum de 900kg, il ne peut transporter qu’un pilote et un passager avec ses bagages, soit 200kg de charge utile. Ne pouvant parcourir que 35 km, ses neuf batteries devront être remplacées ou rechargées après chaque vol ! Mais il faudra aussi trouver au moins un vertiport dans le centre de Paris, c’est-à-dire une surface adéquate pour poser ces machines. Il a donc été envisagé d’utiliser une barge sur la Seine amarrée près du pont d’Austerlitz, projet qui semble avoir du plomb dans les hélices.

En effet, deux avis défavorables ont été donnés pour ces taxis aériens, à commencer pour le vertiport du quai Austerlitz en l’absence duquel le projet perdrait beaucoup d’intérêt, d’autant que de l’intérêt, il en a déjà très peu comme on peut s’en douter en tant que transport urbain !

C’est en premier l’Autorité environnementale (AE) qui, en septembre dernier, a déploré la faiblesse de l’étude d’impact faite par ADP : ainsi, le niveau sonore, considéré comme accessoire dans cette étude, ne le serait pas du tout puisque les VoloCity auraient un niveau de bruit de 65 db, comparable à celui d’une voiture thermique ; par ailleurs, quid des risques de chute de l’un de ces appareils, que ce soit par défaillance technique ou par acte de malveillance ? Si l’interdiction de survol de la capitale devait être levée pour ces engins, pourquoi ne le serait-elle pas pour d’autres aéronefs légers ? Par ailleurs, il est remarqué à juste titre que la consommation d’énergie de ce mode de transport est désastreuse. Avec 190 kWh aux 100 km-passager, il est 30 fois supérieur à celui du métro, dépasse largement celui d’une voiture thermique (50 kWh aux 100 km-passager) et plus encore celui d’une voiture électrique (15 kWh aux 100 km-passager) : la consommation électrique du VoloCity serait au moins 6 fois supérieure à celle d’une voiture électrique transportant 2 à 3 passagers. Ce projet va donc totalement à l’encontre des objectifs de réduction de consommation d’énergie dans les transports urbains. Enfin, le prix du billet aller simple Le Bourget-Paris est annoncé à 110 €, plus cher qu’un taxi terrestre, avec le gros inconvénient que l’eVTOL ne vous déposerait pas à l’adresse où vous devez vous rendre, mais sur une barge ; de là, il faudrait donc reprendre un taxi terrestre ! Ajoutons qu’avec la rémunération d’un pilote pour chaque vol, plus la consommation électrique et les dépenses de toutes sortes qui auront été nécessaires pour organiser cette opération (études d’impact sur l’environnement, analyses de sécurité, établissement de procédures de contrôle d’un espace aérien très contraint, équipement et mise en place d’une barge, création de vertiports sur les sites aéroportuaires, etc.), on ne voit pas comment de tels coûts pourraient être couverts, même avec le prix de 110 € acquitté par l’unique passager !

Le coup de grâce aurait pu être donné le 15 novembre dernier par la Commission Environnement du Conseil de Paris : toutes tendances confondues, celle-ci a tout simplement émis un avis défavorable à la construction du vertiport quai d’Austerlitz. Il est certain que monsieur Edward Arkwright, Directeur général exécutif d’ADP qui porte ce projet, n’a pas dû être content du tout !

Voilà un sujet qui ne manque pas d’intérêt comme illustration des « solutions » prétendument décarbonées qu’offre le système capitaliste pour affronter le changement climatique et réparer tous les désordres engendrés par la merveilleuse économie de marché. Voilà aussi la preuve que les JO sont plus que jamais une affaire de marketing et de business, loin, très loin de ce que pourrait être l’objectif d’une telle rencontre : le temps des compétitions, réunir, sous le signe de l’amitié entre les peuples, des hommes et des femmes du monde entier en imposant une pose dans tous les conflits, ce qui pourrait permettre à certains belligérants de négocier une paix durable, comme l’avaient souhaité les Grecs de l’Antiquité qui avaient instauré une trêve entre les cités grecques pendant les Jeux d’Olympie.

Aux dernières nouvelles, le constructeur allemand ne serait pas en mesure de se conformer à toutes les conditions de sécurité requises et ces merveilleux engins pleins de promesses – mais lesquelles ? – ne seraient donc pas autorisés à transporter de passager (« s » omis volontairement).

Bertrand

Salons et dédicaces (suite 2024 N°2)

Salons et dédicaces (suite 2024 N°2)

Bonjour à toutes et à tous,

Cette nouvelle mise à jour de mon programme de dédicaces reste à compléter dans les prochaines semaines, des négociations se poursuivant avec des librairies et des organisateurs de salons. En revanche, toutes les rencontres annoncées sont confirmées.  

– mars 2024 : 

Dédicace le vendredi 8 de 14H00 à 19H00, rayon librairie du magasin Cultura, ZAC des Cols Blancs, 18230 SAINT-DOULCHARD ;

Dédicace le samedi 9, Espace culturel Leclerc, de 10H00 à 18H00, 1 rue de Chardonnes, 41200 ROMORANTIN-LANTHENAY ;

Dédicace le samedi 23 de 10H00 à 18H00 à FNAC Nemours, rue Joseph-Marie Jacquard, Centre commercial Les Coquelicots ZAC des Hauteurs du Loing, 77140 NEMOURS ;

Salon du Printemps des Livres le dimanche 24 de 10H00 à 18H00, Salles des Fêtes, 41600 LAMOTTE-BEUVRON ; 

Dédicace le samedi 30 de 10H00 à 18H00, magasin Cultura, rue Bronislaw Geremek, 89000 AUXERRE ;

– avril 2024 :

Vendredi 5 de 10H30 à 18H30, Espace culturel Leclerc Pôle Sud Nantes, ZA Pôle Sud, route Clisson, 44115 BASSE GOULAINE, 

Samedi 6 de 10H00 à 12H00, puis 14H00 à 18H00 Espace culturel Leclerc, 1 rue Ordronneau, 44400 REZE ;

Samedi 20 à partir de 15H00, conférence sur le thème Mondialisation et environnement à la bibliothèque Jacqueline de Romilly, 6 rue Schotten 91560 CROSNE ;

Samedi 27 de 10H00 à 19H00, magasin Cultura, 22 avenue de la Croix Blanche, 91700 SAINTE-GENEVIEVE-DES-BOIS. 

– mai 2024 

Dédicace le samedi 4 de 10H00 à 17H00, magasin Cultura, ZAC du Carré & Allée Trait Union, 77127 LIEUSAINT ;

Dimanche 5, salon l’Envolée des livres, 2 rue Alain Fournier et église Saint-Martial, 36000 CHÄTEAUROUX ; 

juin 2024 :

Samedi 1er et dimanche 2 toute la journée, 36ème Salon du Livre de Cosne-sur-Loire ;

septembre 2024 : 

Dédicace Espace culturel Leclerc, allée Émile Zola, ZAC du Grand Noble 31715 BLAGNAC.

A bientôt,

Bertrand

Quels mots pour le dire?

Quels mots pour le dire?

La nuit n’assombrit pas que tout l’espace dont elle s’empare, parfois elle assombrit aussi nos pensées, surtout quand le sommeil se fait attendre. Mais depuis bientôt cinq longs mois, ce sont très souvent les mêmes pensées qui reviennent, alimentées au jour le jour par des récits et des images sur lesquels il est difficile de mettre des mots. Comment en effet parler de l’indicible ? Après les évènements du 7 octobre 2023 nous avons compris comment le choix des mots peut constituer un exercice périlleux, à tel point que la polémique peut naître non seulement des mots qui ont été utilisés, mais aussi de ceux qui ne l’ont pas été ! Pourtant, dans l’obscurité silencieuse il faut absolument les trouver ces mots car vos neurones miroirs l’exigent, ces neurones de l’empathie pris d’une indigestion de compassion au point d’être envahis par la nausée. Et il est vrai que ces mots, choisis un à un, mettent un peu de baume sur nos pensées les plus sombres. Pour ne pas perdre ces mots, le projet de les consigner par écrit quand le jour reviendra semble alors s’imposer. Projet dont l’exécution est néanmoins sans cesse retardée car chaque jour qui passe ajoute son cortège de souffrances au drame qui se déroule sous les yeux du monde entier, lui donnant un caractère toujours plus atroce et plus insoutenable.  

Pourquoi donc avoir attendu aujourd’hui pour coucher noir sur blanc ces terribles pensées nocturnes ? Sans doute parce que l’horreur a désormais atteint un degré de barbarie que l’on peut aujourd’hui clairement percevoir : le peuple palestinien est confronté à la pire des tragédies, à savoir sa propre disparition.

Alors, venons-en à ces mots qu’il faut bien finir par prononcer et écrire.

Mais il y a d’abord les chiffres, ceux de la mort, des chiffres qui battent tous les records de ces dernières décennies : en ce début du mois de mars 2024, ils seraient plus de 30 000 à avoir péri sous les bombardements, soit 1,36% de la population de Gaza. Ce nombre de morts, répertoriés par le Hamas, enterrés à la va-vite, sans sépultures et parfois non identifiés, n’incluent pas les quelques milliers de Palestiniens qui ont succombé sous les décombres d’immeubles touchés par des missiles ou des bombes et qui se sont effondrés comme sous l’effet d’un violent tremblement de terre ; cette situation est d’ailleurs attestée par des témoignages qui font état de l’odeur de mort due à la décomposition des cadavres qui emplit l’air dans certains secteurs de Gaza. Mais il y a aussi les blessés : sont-ils 100 000, 200 000 ou plus encore ? Des éléments crédibles permettent de se faire une idée de l’importance des victimes, comme cette enquête qui indique que près des deux tiers des habitants de Gaza ont un proche, ami ou famille, qui a été tué ou blessé depuis le 7 octobre 2024, ce qui correspond à environ 1 400 000 personnes sur une population du ghetto qui était de 2 200 000.  

Pour rester encore un instant sur les chiffres, osons quelques comparaisons. 

Entre 1940 et 1945, la Seconde Guerre mondiale a fait 541 000 morts en France pour une population de 40 690 000 (chiffre de 1940), soit 1,33% de la population. Nous sommes actuellement à 1,36% pour Gaza et ce chiffre risque fort d’augmenter encore, mais il aura été atteint non pas sur une période de cinq ans, mais de cinq mois seulement. Il s’agit donc d’un massacre d’une violence inouïe. A ce rythme, la Seconde Guerre mondiale aurait tué 16,3% de la population française en cinq ans, soit 6,64 millions de personnes ! Ou encore, c’est comme si la France d’aujourd’hui – 67 millions d’âmes – était engagée dans un conflit majeur et avait à déplorer près d’un million de tués et plusieurs millions de blessés au bout de cinq mois de guerre ! 

Au cours de la Première Guerre mondiale, 1,7 millions de Français sont morts à cause de ce conflit pour une population qui était de 39,6 millions en 1914, soit un ratio de 4,3%, ce qui est en effet énorme. Mais sur une durée de 48 mois, cela donne 0,90/00 par mois et sur cinq mois, 0,45%, soit un rythme moyen trois fois inférieur à celui constaté à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Les Israéliens commettent donc dans le ghetto une véritable boucherie qui touche de surcroît surtout des civils, pire encore une majorité de femmes et d’enfants. 

Le constat est atterrant : aucun conflit des XXe et XXIe siècles n’aura tué en si peu de temps une telle proportion d’une population. Il s’agit également de massacres qui auront provoqué en moyenne plus de morts au quotidien que tous les conflits du XXIe siècle, soit plus de 200 morts par jour pour une durée de 150 jours.

D’un autre côté, impossible dans le contexte actuel de ne pas établir une comparaison avec le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine. Le chiffre des victimes est difficile à établir, d’un côté comme de l’autre, ceux fournis par les autorités étant sujets à caution. Oxfam donnait cependant le chiffre moyen de 44 tués par jour en Ukraine à la date du 12 janvier 2024. A la lecture de ce chiffre, Poutine fait pâle figure à côté de Netanyahu, d’autant que ces 44 victimes quotidiennes concernent une majorité de combattants et se rapportent à une population de 43,2 millions d’habitants contre plus de 200 victimes en majorité des civils et pour une population de seulement 2,2 millions dans le ghetto de Gaza ! L’appétit de l’Ogre du Kremlin est encore très loin d’égaler celui du Monstre d’Israël. 

Devant de telles situations et de tels bilans, on peut s’étonner de l’incohérence des gouvernements occidentaux qui ont fait le choix d’une fourniture massive d’armements au plus faible dans la guerre Russie-Ukraine, mais au plus fort dans le conflit israélo-palestinien. Choix d’autant plus ignoble que le rapport des forces en présence est relativement équilibré dans le premier cas alors qu’il est totalement disproportionné entre les forces israéliennes et palestiniennes au point que l’on ne peut plus considérer qu’il s’agit d’une guerre, mais bien d’un processus de génocide froidement mis en œuvre par le Monstre qui a ordonné à ses militaires de massacrer des civils sans défense, de priver la population de Gaza des produits essentiels à leur survie – eau, nourriture, électricité, médicaments -, de détruire hôpitaux, écoles, mosquées, églises, bâtiments administratifs et habitations par milliers, toutes privations ou destructions qui induisent d’autres pertes de vies dues à l’impossibilité de soigner blessés et malades et visent à affamer la population.

Et en effet, de jeunes enfants commencent à mourir de faim à Gaza et les parents suivront si rien n’est imposé à Israël pour laisser pénétrer librement une aide humanitaire massive dans le ghetto et faire taire les armes. Bien sûr, de trop nombreux enfants meurent également de faim chaque jour dans certains pays, en Afrique notamment, pour des raisons diverses : mauvaises récoltes, instabilité politique et sociale, exactions de seigneurs de guerre qui confisquent à leur profit l’aide alimentaire, etc. Mais la situation de Gaza a cela de particulièrement atroce que c’est un gouvernement prétendument démocratique qui soumet délibérément toute une population à des privations destinées à provoquer la mort de dizaines de milliers d’êtres humains qui disposaient il y a quelques mois encore du minimum vital.    

Ce constat nous ramène aux réflexions présentées dans ma précédente chronique, à savoir que l’action du Monstre et de son armée répond aux critères de génocide définis dans la « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide » datant de 1948 et ratifiée par 153 États dont Israël et les États-Unis. Examinons un à un les cinq alinéas de l’Article II de la Convention qui définissent le terme de génocide.

« Génocide signifie que l’une des actions suivantes est commise en vue de détruire partiellement ou totalement un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme :

  1. Meurtres de membres du groupe ;
  2. Atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
  3. Infliger délibérément des conditions de vie au groupe visant à entraîner sa destruction physique partielle ou totale. 
  4. Prendre des mesures destinées à entraver les naissances au sein du groupe ;
  5. Transférer de force des enfants du groupe à un autre groupe. » 

Seul le dernier critère n’est pas rempli, mais rappelons qu’il suffit d’un seul de ces critères pour qualifier une action de génocide. 

Les critères a), b) et c) sont en revanche clairement satisfaits. 

Quant au d), il l’est en ce sens qu’une forte proportion de femmes sont tuées ou ne peuvent accoucher en sécurité du fait que hôpitaux, ambulances et personnels soignants sont visés par les tirs de Tsahal et que matériel médical et médicaments ne parviennent plus dans le ghetto. 

Remarquons que les qualifications de crimes de guerre (comme s’attaquer à des populations civiles et des objectifs non militaires, mais aussi à des prisonniers de guerre et à des blessés) et de crimes contre l’humanité(attaque généralisée et systématique contre une population civile) correspondent également aux actions ordonnées par les dirigeants d’Israël à son armée. Ces qualifications pourraient également concerner les combattants palestiniens du Hamas engagés dans l’attaque du 7 octobre. 

Dans cette tragédie, plusieurs dirigeants politiques occidentaux devraient être poursuivis, avec les dirigeants israéliens, par la Cour pénale internationale en tant que complices pour avoir livré des armes à Israël qui ont été utilisées pour accomplir les massacres. 

Avant de conclure, j’aimerais réitérer un dernier commentaire sur l’une des conséquences de ce drame : comment celui que j’ai nommé le Monstre peut-il agir de la sorte sans percevoir qu’il a d’ores et déjà compromis le potentiel de compassion qu’avaient obtenu tous les juifs depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Il démontre stupidement que les dirigeants juifs d’Israël sont eux aussi capables de commettre les pires atrocités au point de commettre eux aussi un génocide ! Comment pourra-t-il continuer à s’insurger contre l’antisémitisme quand il en est le premier promoteur de par les réactions que ses actes vont provoquer sur un grand nombre d’individus ? Et que dire des chefs d’État qui lui apportent leur soutien ? Après l’Holocauste, n’avait-on pas dit « Plus jamais ça » ?

En conclusion, et après avoir choisi des mots pour qualifier les exactions et leurs auteurs, je voudrais redire à quel point nombre de dirigeants de ce monde portent au désespoir et sont une honte pour l’humanité. Certes les citoyens des démocraties ont, après tout, les dirigeants qu’ils méritent puisqu’ils les ont élus … enfin plus ou moins bien et plus ou moins librement. Mais il faut alors s’interroger sur l’apport de ces démocraties imparfaites à la civilisation humaine quand on peut constater que les démocraties occidentales peuvent être auteurs ou complices de crimes qui rivalisent de barbarie avec ceux commis par des régimes totalitaires. 

Merci d’avoir lu cette sombre chronique jusqu’au bout. Vous serez sans doute peu nombreux à l’avoir fait, mais peut-être que certains d’entre vous auront eux aussi envie d’exprimer leur compassion pour cette population qui n’a d’autre avenir que la perspective de mourir d’un instant à l’autre. 

Bertrand