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D’un salon à l’autre

D’un salon à l’autre

Bonjour à toutes et à tous,

Ce n’est pas à cause de cette tradition – la galanterie à l’égard du sexe « faible » sur laquelle je ne me risquerai pas à formuler un avis – que je commence ce compte rendu des deux derniers salons du week-end en m’adressant d’abord à la gente féminine, mais c’est d’abord et avant tout parce que les visiteuses des salons littéraires sont toujours bien plus nombreuses que les visiteurs, reflétant en cela un fait bien établi que les lecteurs sont avant tout des lectrices. Là non plus, je ne m’aventurerai pas à proposer des explications à ce phénomène, mais je m’interroge quand même : les paléoanthropologues auraient-il déjà déterminé que les fresques murales découvertes dans les grottes étaient réalisées par les femmes pendant que leurs compagnons masculins étaient partis chasser l’auroch, les sociologues contemporains constatent-ils que la plus grande longévité des femmes les conduit à participer à de tels rassemblements pour rompre avec leur solitude quand elles se retrouvent à vivre seules ou bien encore est-ce le vécu de beaucoup de femmes encore de ce monde qui les a cantonnées à rester au foyer à une époque où les hommes occupaient encore majoritairement les emplois ? Si vous avez des réponses, n’hésitez pas à les proposer sur ce blog !

Le magasin Cultura de Bourges organisait donc le week-end dernier, en association avec la municipalité, la cinquième édition du Salon du Livre de Saint-Doulchard au domaine de Varye dans une belle demeure datant de 1870. Les auteurs étaient accueillis dans de petites salles lumineuses et confortables. Bien que se déroulant sur deux journées, je n’ai pu participer qu’à celle du samedi. Le public n’avait pas boudé cette rencontre et les échanges ont été fructueux tant par leur qualité que par les ventes qu’ils ont permises. Étant originaire d’une commune proche, j’ai apprécié la présence d’auteurs locaux qui proposaient des ouvrages sur la région et son histoire comme cette magnifique bande dessinée de Bernard Capo sur Le Grand Meaulnes, unique roman d’Alain Fournier tombé au combat à l’âge de 27 ans durant la Grande Guerre.

 

 

 

 

 

 

Le lendemain, dimanche 14 octobre, je devais participer au 7ème Salon régional du Livre dédicacé de Moret-sur-Loing, charmante petite commune de Seine-et-Marne où vécut le peintre Sisley. Les anciens ouvrages hydrauliques construits sur la rivière pour alimenter plusieurs moulins donnent son cachet très particulier au centre de la bourgade. Dès dix heures du matin, nous étions rassemblés dans la salle des fêtes, mais le temps passait et les allées restaient désespérément désertes ; à tout le moins, la fréquentation du public demeurait-elle tout à fait confidentielle, les auteurs voyant dans la température estivale régnant à l’extérieur un bouc émissaire à qui faire porter cette indifférence pour une activité qui avait sans doute du mal à rivaliser avec une promenade en forêt de Fontainebleau ou sur les rives du Loing ; et les organisateurs de s’interroger eux-mêmes sur le jour du week-end le plus pertinent pour organiser la 8ème édition de ce salon : samedi ou dimanche ? J’eus néanmoins l’agréable surprise de voir mon livre recevoir les éloges de l’un des membres du jury, le Dr Noël, lorsqu’il remit un exemplaire de NÉMÉSIS à Agnès Sartor, récipiendaire d’un prix pour son ouvrage Des nouvelles d’Agnès, également publié chez Amalthée.

Bertrand THEBAULT

La 25ème heure du Mans!

La 25ème heure du Mans!

Les salons littéraires sont souvent pour les auteurs qui y participent des épreuves à la fois physiquement et moralement épuisantes : tant d’heures passées à user tant de salive au point d’en perdre son boire et son manger et le plus souvent, pour de bien maigres résultats! Mais les échanges sont d’une telle variété, même si le discours de l’auteur est lui très répétitif, que l’on s’enrichit soi-même au contact de personnalités forcément toutes différentes au point que l’on pourrait après ces sortes de longs « micro-trottoirs » sans micro écrire une nouvelle version des Caractères fondée non pas sur une observation longue et minutieuse, mais sur des instantanés de ces visiteurs d’un jour, d’une heure ou deux, voire moins et qui donnent souvent l’impression qu’ils aimeraient pouvoir visiter le salon incognito, sans être remarqués ou importunés par les auteurs de peur de se sentir obligés d’acheter un livre qui leur a été présenté. Pourtant, on ne fait pas un salon littéraire avec la seule présence de quelques notoriétés adulées par les médias ; sans les obscurs dont je fais partie, bien plus nombreux, il n’y aurait pas de salon, pas de découverte de nouveaux talents, pas d’enrichissement continu de la pensée et du patrimoine littéraire. C’est pourquoi il faut continuer, persévérer et ne pas ménager son temps et son énergie pour qu’un public finisse par découvrir au fil du temps qu’un auteur inconnu a écrit quelque chose de vraiment nouveau et qu’il aurait été dommage de ne pas s’en apercevoir. C’est pourquoi je vous attendrai à nouveau avec mes livres le samedi 13 octobre à Saint-Doulchard près de Bourges et le dimanche 14 octobre à Moret-sur-Loing. C’est pourquoi il y aura encore et encore d’autres rencontres, je vous le promets.

Les salons, c’est aussi les à-côtés qui sont un peu la récompense immédiate des efforts déployés, et ces à-côtés sont souvent la découverte d’une ville et de son patrimoine. Au Mans, il faut découvrir son vieux quartier au milieu duquel trône l’imposante cathédrale qui se distingue par son architecture mixte, romane d’un côté, gothique de l’autre. Il y a aussi cette haute tour élevée à l’extrémité d’un transept sud disproportionné alors que le transept nord est inexistant. Mais il n’y avait pas de mots pour évoquer la magie du soleil déclinant de cette fin de vendredi après-midi qui projetait des faisceaux de couleurs sublimes sur les structures intérieures du monument à travers la richesse chromatique éblouissante des immenses vitraux de la cathédrale… A voir et à revoir, surtout si le soleil est au rendez-vous.

A bientôt,

Bertrand THEBAULT