Il y a trop longtemps que je ne me suis pas exprimé sur ce blog, en particulier sur mes « rencontres ». Elles ont été, il est vrai, plutôt rares au cours des deux années passées. Pourtant elles ont un peu repris depuis six mois comme vous l’avez constaté avec les annonces que j’ai faites sur ce blog, mais je n’avais jusqu’alors rien perçu de nouveau par rapport à ce que j’ai pu relater en 2018 et 2019 de mon ressenti à l’égard des visiteurs de salons ou clients de librairies qui avaient la bonne grâce de faire un arrêt devant ma table et mes livres. En revanche, je ne me souviens pas avoir été à ce point déconcerté par certains visiteurs de ce salon, et ce, de deux manières.

Premièrement, par les réactions très positives de certains aux propos que je leur tenais pour présenter mes deux livres, du genre « Je suis bien d’accord avec vous » ou « C’est très intéressant ». Mais au bout du compte, je n’avais droit qu’à des remerciements. Alors, que penser ? Si vous estimez devant un auteur que son livre doit être très intéressant mais ne l’achetez pas, quels sont donc les critères à satisfaire pour que vous l’achetiez ? De même, si vous savez d’avance que vous n’achèterez pas l’un ou l’autre des livres qui sont devant vous, pourquoi laisser l’auteur s’épuiser à tenter de vous démontrer qu’il serait utile et important de les lire ? J’ai parfois eu l’impression que mes interlocuteurs s’emparaient de mes réflexions ou des informations que je leur apportais et estimaient au bout d’un certain temps que c’était déjà pas mal de pris sans avoir eu à débourser un euro, en tout cas que c’était suffisant pour évoquer le lendemain avec l’entourage les idées nouvelles que leur a apportées la rencontre avec cet auteur.

Deuxièmement, par ce genre de quidam passant au large de votre table et que vous essayez d’attirer en lui demandant s’il veut bien consacrer une minute ou deux aux livres qui sont présentés. Et le quidam de se retourner à peine en déclarant que mes livres ne l’intéressaient pas du tout et qu’il ne les lirait jamais, comme s’il en avait de manière quasi instantanée saisi la teneur sans les avoir regardés une seconde ! 

Alors je voudrais dire à ces visiteurs que tout auteur, quel que soit le genre littéraire auquel il consacre son temps, mérite un minimum de respect. De grâce, ne laissez pas un auteur s’engager dans un long exposé pour démontrer la valeur d’un ouvrage qu’il a écrit, sachant d’avance que vous n’avez aucune intention de le lire. Et si l’ayant ainsi laissé parler, vous acquiescez à ce qu’il a dit et vous affirmez votre intérêt pour les thèmes évoqués, alors il vous faut inventer une solide raison pour repartir les mains vides, et non vous contenter d’un « merci » ou « bon courage » qui laisse l’auteur sans voix, au sens propre comme au sens figuré ! Quant à ceux qui osent marquer ostensiblement leur dédain pour un auteur et ses livres, qu’ils s’abstiennent tout simplement de fréquenter ces lieux que sont les salons littéraires où se doivent de régner courtoisie et ouverture d’esprit. 

Et comme il ne faut pas seulement déplorer ce qui nous paraît insupportable, je dois saluer ce lecteur qui, m’ayant acheté samedi NEMESIS, est revenu dimanche pour m’annoncer avec joie qu’il avait commencé à lire le livre par les deux bouts, le préambule et la conclusion, ce qui n’est pas bien, a-t-il reconnu, mais que ce début de lecture qui passe par la fin l’avait définitivement encouragé à lire tout le reste !

J’en profite pour saluer les organisateurs de ce salon et dire mon appréciation du confort dans lequel les auteurs étaient installés. En revanche, la question se pose de la pertinence de le programmer sur deux jours. Pendant de longues heures, le nombre d’auteurs présents aura dépassé le nombre de visiteurs ! Le sentiment de tout ce temps passé pour rien ou presque semblait partagé par mes collègues. Les organisateurs ne devraient-ils pas envisager de limiter ce salon à un seul jour, par exemple le dimanche ? 

Bertrand