Les salons littéraires sont souvent pour les auteurs qui y participent des épreuves à la fois physiquement et moralement épuisantes : tant d’heures passées à user tant de salive au point d’en perdre son boire et son manger et le plus souvent, pour de bien maigres résultats! Mais les échanges sont d’une telle variété, même si le discours de l’auteur est lui très répétitif, que l’on s’enrichit soi-même au contact de personnalités forcément toutes différentes au point que l’on pourrait après ces sortes de longs « micro-trottoirs » sans micro écrire une nouvelle version des Caractères fondée non pas sur une observation longue et minutieuse, mais sur des instantanés de ces visiteurs d’un jour, d’une heure ou deux, voire moins et qui donnent souvent l’impression qu’ils aimeraient pouvoir visiter le salon incognito, sans être remarqués ou importunés par les auteurs de peur de se sentir obligés d’acheter un livre qui leur a été présenté. Pourtant, on ne fait pas un salon littéraire avec la seule présence de quelques notoriétés adulées par les médias ; sans les obscurs dont je fais partie, bien plus nombreux, il n’y aurait pas de salon, pas de découverte de nouveaux talents, pas d’enrichissement continu de la pensée et du patrimoine littéraire. C’est pourquoi il faut continuer, persévérer et ne pas ménager son temps et son énergie pour qu’un public finisse par découvrir au fil du temps qu’un auteur inconnu a écrit quelque chose de vraiment nouveau et qu’il aurait été dommage de ne pas s’en apercevoir. C’est pourquoi je vous attendrai à nouveau avec mes livres le samedi 13 octobre à Saint-Doulchard près de Bourges et le dimanche 14 octobre à Moret-sur-Loing. C’est pourquoi il y aura encore et encore d’autres rencontres, je vous le promets.

Les salons, c’est aussi les à-côtés qui sont un peu la récompense immédiate des efforts déployés, et ces à-côtés sont souvent la découverte d’une ville et de son patrimoine. Au Mans, il faut découvrir son vieux quartier au milieu duquel trône l’imposante cathédrale qui se distingue par son architecture mixte, romane d’un côté, gothique de l’autre. Il y a aussi cette haute tour élevée à l’extrémité d’un transept sud disproportionné alors que le transept nord est inexistant. Mais il n’y avait pas de mots pour évoquer la magie du soleil déclinant de cette fin de vendredi après-midi qui projetait des faisceaux de couleurs sublimes sur les structures intérieures du monument à travers la richesse chromatique éblouissante des immenses vitraux de la cathédrale… A voir et à revoir, surtout si le soleil est au rendez-vous.

A bientôt,

Bertrand THEBAULT