447La fillette vit par le fleuve et voudrait s’y incorporer, être fleuve elle-même, par tous les temps, avaler les tasses d’eau non salubres,connaître ses ressacs violents et ses plaintes lugubres.
Sa maison se situe presque au niveau où le fleuve, en l’occurrence l’Escaut se jette dans la mer, à Anvers.
C’est à cet endroit où elle grimpe sur la digue qu’elle voit le fleuve, son fleuve : les roseaux en plus ou moins large bande la séparent de celui-ci : pourra-t-elle le rejoindre et se fondre à lui pour rejoindre la mer, libre et fière ?
C’est qu’elle en rêve de cet ailleurs mais « du plus définitif des voyages, il lui faut tourner bride ! »
Ce qui l’attend : c’est la soumission à l’autorité suprême, la voix de sa mère qui l’enjoint de revenir à son chez soi réducteur…
Dans ce poème transparaît l’inéluctable tentation de partir loin du rivage, loin des
siens ! Obstacle à franchir le pas…Comme si la force, la détermination à partir lui manquait…
Possible qu’elle restera « à quai » toute sa vie malgré l’odeur de ce fleuve qui lui vient comme une bouffée et qu’elle reconnaîtrait entre toutes !