Les médias dominants en parlent peu et pourtant une activité fébrile se poursuit sans relâche et en toute opacité dans les services de la Commission européenne pour négocier et conclure de nouveaux accords de libre-échange (ALE). Ainsi l’accord commercial signé avec le Vietnam en juin 2019 va être soumis au Parlement européen au cours de ce mois de février 2020. Tout comme ceux entrés en vigueur début 2019 avec le Japon et Singapour, ce nouvel ALE est encore plus permissif que les accords conclus dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ainsi les droits de douane avec le Japon disparaîtront progressivement sur 97% des produits importés de l’empire du Soleil Levant ! Cette liberté totale de commercer n’est assortie d’aucun engagement contraignant sur les droits humains, les conditions de travail, la protection sociale ou celle de l’environnement, ce qui est particulièrement regrettable avec le Vietnam quand on sait que ce pays n’a pas encore ratifié plus de 57 conventions et protocoles de l’Organisation internationale du Travail (OIT). L’extrait ci-dessous (p 325 de NEMESIS) nous rappelle que les conditions de la concurrence dans le cadre de l’OMC étaient déjà particulièrement déloyales.

L’OMC a ainsi laissé se transformer la planète en un vaste terrain de jeu avec des règles établissant un régime de libre-échange, et ce en dehors de toute intervention et de tout consentement des peuples concernés, et sans qu’aient été établies par ailleurs des règles visant à garantir une concurrence plus loyale au travers de normes sociales, fiscales et environnementales plus proches de celles des pays développés. C’est comme si deux équipes de football devaient s’affronter sous l’autorité d’un arbitre qui ne tolérerait pas le moindre écart par rapport aux règles du jeu pour une équipe pendant qu’il fermerait les yeux sur les fautes commises par l’équipe adverse ; on imagine facilement laquelle des deux prendrait rapidement l’avantage.

Bertrand THEBAULT