Créativité : Le Féminin de l’être(1)
Cet article est le premier de la catégorie: Poésie Symbolique. Par ces articles mon intention est de fournir au lecteur une « grille de lecture », pour qu’il puisse aller plus facilement au-delà de la première impression. Je fais deux « paris »:-que la source de l’inspiration est ce que je nomme « Le Féminin de l’être ».– que la poésie peut être une voie de connaissance ou même une voie initiatique pour le lecteur comme pour l’auteur (cela va de soi!).
Voici comment je présente mon recueil de poèmes « Parfum d’exil », mais ce petit texte peut convenir pour tout ce que j’écris dans ce blog dans la catégorie « Poésie symbolique »:
Je vous invite dans un espace ouvert et lumineux, dans lequel votre lecture peut s’écouler sans heurt, servie par la mélodie toujours présente. Les thèmes abordés dépassent le vécu personnel. Le style est limpide, sans préciosité ou obscurité des images, sans rupture dans la syntaxe ou la typographie. Ces poèmes sont des appels à une communication profonde, d’âme à âme, avec le lecteur. Je peux parler à leur sujet de « poésie multidimensionnelle », car il y a toujours trois niveaux en présence: – le niveau sensation-émotion produit par l’harmonie des images et du style – le niveau évocation, qui est celui du dialogue ou de la mise en écho ( quel écho cela a-t-il à l’intérieur de vous?) – le troisième niveau est celui de l’intuition-déploiement: lorsque le poème reste « ouvert » le lecteur a la possibilité, dans une sorte de « suspension », d’ouvrir son intuition dans un déploiement au-delà des mots.
La Créativité ? mais qu’est-ce au juste ?
D’ abord la magie de l’instant vécu en pleine conscience. Un état d’ouverture, sans a priori et sans brouillage du mental, qui permet d’entrer en harmonie avec la nature à l’extérieur de nous et de percevoir, sans peur ni jugement, la nature à l’intérieur de nous.
Cet état de conscience est : « concentration détendue » « disponibilité » « ouverture à l’inconnu ». Il peut être atteint lors de certains moments privilégiés (émerveillement devant la nature, état amoureux). Mais cet état est fugace. Il est comme un « toucher spirituel mystérieux », un appel qui capte notre attention et nous invite à aller « plus loin ». Cet état est ce que l’on nomme « inspiration », mais d’où vient-il? Pour illustrer ce propos, je vous propose deux extraits de poèmes qui figurent dans mon recueil « Parfum d’exil » Editions Amalthée (en vente chez Décitre)
SOIR
Il y a bien au-dessus des mers cette attente apaisée du silence ce lent étalement du soir et avec l’effacement progressif de la terre l’ascendance subtile des parfums.
Notre regard alors chassé de tout ce qui nous est commun se détache et s’élève.
Il se perd en éblouissements dans le ciel guettant une révélation dans cet instant suspendu entre la fin du jour et l’avènement de la nuit.
Nous assistons l’esprit soudain rempli de gratitude à ce somptueux couronnement de la lumière apothéose aperçue brièvement car nos cœurs ne pourraient, en supporter plus longtemps la beauté.
DESCENTE EN PROFONDEUR
Nageurs immobiles, entraînés vers le fond invisible nos corps frôlés par ces présences inavouables au contact froid et visqueux, étranges et non reconnues sans visages sans noms masse confuse indistincte que nos mains refusent
nous glissons dans les eaux de plus en plus denses et opaques ne sachant s’il faut descendre encore plus bas ou lutter pour regagner le jour écrasés par l’imposante obscurité de l’océan.
Puis enfin nous remontons. Nous apercevons loin au-dessus de nous la lumière traversant l’épaisseur de l’eau noire.
La confusion des bas-fonds s’éloigne et nous entrons dans le miroitement des formes redevenues visibles. Nous sentons la tiédeur de la surface. La peur s’estompe. Les contours deviennent perceptibles bien qu’une masse obscure soit encore là sous nos pieds nus.
Bientôt les cheveux frôlés par l’air doré respirant librement, nous pourrons goûter au vertige lorsque dans un dernier regard vers le bas nous sonderons l’incroyable profondeur de ce que nous avons traversé.
La Créativité demande à s’établir en nous de manière plus profonde. Elle ne peut ni être « saisie », ni être « consommée ». Une fois l’émerveillement disparu, nous sentons le besoin de retrouver la trace de cet instant dans un espace intérieur, fait de silence et de recueillement. Nous apprenons à écouter « la voix qui chuchote ». Il s’agit d’un nouveau langage : celui de l’intuition et du symbole (la « langue des dieux »). Pour le comprendre et l’intégrer, nous devons parvenir à un autre niveau de réceptivité.
Cette profondeur s’appelle Guérison : Guérir notre âme : guérir les blessures, alléger le mental, combler le manque, effacer le sentiment d’indignité et d’incomplétude qui est à l’origine de toute souffrance. Et enfin retrouver le sens du sacré ! Ouvrir l’esprit : ce que les bouddhistes appellent « le fond lumineux de l’esprit » est pure conscience. Mais qu’est-ce au juste ?
Quelle est cette « incroyable profondeur que nous avons (symboliquement) traversée » ? L’océan étant le symbole de l’inconscient personnel et collectif, comment y accédons-nous ? Ce qui nous guidera s’appelle « Le Féminin de l’être ».
Le Féminin de l’être
Le Féminin n’est pas un ensemble de caractères sexuels ou psychologiques, car nous ne sommes pas conditionnées ! Nous sommes toutes (et tous) libres et perfectibles ! Nous devons donc, pour être « Créatifs » refuser tout conditionnement limitatif. L’intuition est non pas un état ou une qualité, mais un processus permettant l’accès à notre espace intérieur, pour élargir le champ de notre conscience (grandir en humanité).
Le féminin de l’être est avant tout « Creuset initiatique ». Dans ce creuset une transformation (transmutation alchimique) va avoir lieu. Le Féminin de l’être va être un lieu d’invention et mille et une formes nouvelles vont naître et fleurir dans cet espace toujours neuf.
Pour illustrer ce « Féminin de l’être » je vous propose deux poèmes extraits du deuxième chapitre VISAGES d’EVE de mon recueil.
LA JEUNE VIERGE
La jeune vierge vêtue de blanc s’assoit sur la margelle du puits.
Ses longs cheveux tombent très bas vers l’ombre. Son regard cherche à saisir le fond.
Elle se penche et se penche encore…. Elle a perçu dans un frisson l’étrange profondeur de son âme…
LA FEMME SENTINELLE
Une femme debout drapée dans son manteau d’écume regardait au loin l’océan.
Silhouette bleue si frêle, malmenée par les bourrasques dressée sur la pâleur livide du ciel si haut au-dessus du mince ruban vert des landes
si haut au-dessus des rochers noirs lacérés par les embruns suspendue fragile et dérisoire, elle guettait jour et nuit immobile…
L’hiver ses longs cheveux blanchissaient sous la neige. Ses pieds foulaient la boue des pluies d’automne ou la mousse fleurie du renouveau.
Elle ne traversait aucun de vos villages. Pourtant elle connaissait tout de chacun. Elle connaissait la houle des saisons et le cheminement de la lumière.
Elle connaissait le moindre geste le moindre mot et la lueur de vos regards. Puis à force de guetter son regard s’éloigna peu à peu des hommes et du rivage et se perdit au loin dans la brume…
Elle apprit à deviner les changements imperceptibles des scintillements les plus lointains, à percevoir le plus léger mouvement dans le ciel. Jusqu’au jour où elle put Voir au-delà de l’horizon.
Que signifie « voir au-delà de l’horizon » ? De quel horizon s’agit-il ? Un horizon intérieur fait d’habitudes, de conditionnement mental ? Un espace physique mais aussi un environnement humain et psychologique?..ou bien plutôt une « façon de penser et de concevoir le monde », un conditionnement encore plus subtil et invisible qui vient de tout ce que nous avons vécu et souffert et espéré…? Comment pouvons-nous « élargir » notre horizon ? Quelle largeur de regard, quelle richesse de perception y gagnons-nous ?
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À bientôt